Test du jeu Doom: the Dark Ages. Un virage médiéval risqué

Le test du jeu DOOM: The Dark Ages, édité par Bethesda Softworks et développé par id Software, a été réalisé sur PC.

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Sommaire

Table des matières

DOOM: The Dark Ages

Test du jeu Doom: the Dark Ages. Un virage médiéval risqué

Le ciel est noir, les cloches sonnent, et quelque part dans les ruines d’un empire oublié, un titan en armure brise les chaînes du destin. DOOM: The Dark Ages n'est pas une simple suite. C’est une damnation rétroactive, un cri de guerre médiéval gravé dans le sang, la pierre, et les entrailles des démons.
Édité par Bethesda et développé par les forgerons de l’enfer chez id Software, ce nouvel opus propulse la saga dans les abysses d’une fantasy gothique où le Slayer troque la vitesse furieuse contre la puissance implacable d’un colosse en croisade. Bouclier au poing, fléau à la main, il marche non plus pour courir, mais pour écraser.
L’univers change, la rage demeure. Et si vous pensiez avoir déjà tout vu de DOOM… détrompez-vous. Le Moyen-Âge n’avait pas encore entendu hurler les démons. Découvrez le test de DOOM: The Dark Ages, réalisé sur PC et également disponible sur PlayStation 5 et Xbox Series depuis le 15 mai 2025.

Il y a dans chaque combat une étincelle qui rappelle pourquoi DOOM règne encore sur l’arène des FPS infernaux
  • DOOM: The Dark Ages

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    DOOM: The Dark Ages

L'histoire de DOOM: The Dark Ages

10/20

The Dark Ages nous propulse dans un passé aussi brumeux qu’ensanglanté, censé précéder les événements de DOOM (2016), mais sans jamais offrir un lien clair ou satisfaisant avec celui-ci. On incarne toujours le Slayer, figure mythologique de la destruction démoniaque, plongé cette fois dans un univers gothique-médiéval, entre ruines cyclopéennes, marécages poisseux et forteresses aux allures de bastions inquisitoriaux. Le problème, c’est que la narration, au lieu de se faire oublier, s’invite à la table… pour ne rien dire de vraiment convaincant.

DOOM: The Dark Ages
DOOM: The Dark Ages

Les cinématiques, nombreuses et soignées, ont la pompe de Gears of War, la grandiloquence de Warhammer 40K, mais l'efficacité d’un vieux nanar de dark fantasy mal sous-titré. Les dialogues sont empesés, souvent risibles, et ponctués de silences gênants. Certains niveaux s’ouvrent sans véritable justification scénaristique, tandis que d’autres se résument à une voix off qui semble improviser un briefing pendant que vous rechargez votre lance-roquette.

DOOM: The Dark Ages
DOOM: The Dark Ages

On perd ainsi ce qui faisait le charme brut de DOOM (2016) et Eternal : cette capacité à raconter sans dire. Doom (2016) s’ouvrait sur le Slayer Guy qui défonçait un écran qui débitait un lore sans intérêt pour nous faire tuer des hordes de monstres. Mise en scène intelligente à la manière dont Doom 2016 prenait à contrepied le parti pris de Doom 3, trop narratif et pas assez nerveux. Ici, il faut écouter, subir les tirades de sentinelles en armure qui récitent leur script comme si elles auditionnaient pour un prequel de The Witcher version série B. Et pour finir, aucune réponse n’est donnée sur la transition entre ce chapitre médiéval et l’éveil du Slayer dans sa capsule de 2016. Mystère et frustration.

Game System

15/20

Si DOOM Eternal nous propulsait comme une flèche furieuse à travers des arènes aériennes et acrobatiques, The Dark Ages choisit de nous enfiler une armure de plates et de nous faire avancer comme un tank. Le mot est choisi : tout ici est pensé pour donner une sensation d’écrasement, de poids, de collision brutale. Et ça fonctionne… jusqu’à un certain point.

DOOM: The Dark Ages
DOOM: The Dark Ages

La nouveauté centrale de cet opus, c’est le bouclier. Un outil polyvalent, véritable roi du champ de bataille. Il bloque, il pare, il rebondit, il tranche. Il est aussi létal qu’une hache de berserker possédé et aussi tactique qu’un deck dans Slay the Spire. Il permet non seulement de se protéger des attaques en absorbant les dégâts pendant un court laps de temps, mais devient surtout l’élément clé du système de parade.

DOOM: The Dark Ages
DOOM: The Dark Ages

Tout le gameplay tourne autour de cette mécanique : repérer les attaques télégraphiées (souvent signalées par des couleurs), déclencher une parade parfaite, et ouvrir une fenêtre de destruction immédiate. Les attaques vertes peuvent être renvoyées, les frappes de mêlée peuvent être contrées, et chaque parade réussie vous offre un instant de grâce où le Slayer peut s’exprimer dans toute sa brutalité. C’est Sekiro en enfer, version Doomguy.

DOOM: The Dark Ages
DOOM: The Dark Ages

Le lancer de bouclier, quant à lui, est jouissif. Il permet d’interrompre un ennemi, de le scier en deux, ou de le clouer au mur comme un trophée de guerre. Même les soldats de base ne sont plus de simples cibles : ils portent des pavois métalliques qu’il faut chauffer à la mitrailleuse avant de les faire exploser. On se croirait dans une arène de Dark Souls dopée aux amphétamines.

DOOM: The Dark Ages
DOOM: The Dark Ages

Là où le bât blesse, c’est dans la structure même des affrontements. Chaque combat devient une sorte de puzzle sanglant à résoudre. On entre dans une arène, on identifie les patterns, on active les bons pouvoirs dans le bon ordre, et on enchaîne les actions comme dans une partie de Simon géant version démoniaque. A → Parade → B → Finish → C → Bouclier → D → Tirer.
Cette rigidité casse un peu la magie de l’improvisation frénétique qui faisait la force de DOOM Eternal. Les possibilités sont nombreuses sur le papier, mais le jeu semble souvent punir les expérimentations : la lenteur des changements d’arme, les synergies trop précises à activer, les vitesses de déplacement. Autant d’éléments qui incitent à rester dans sa zone de confort. On trouve un combo efficace, et on le répète jusqu’à l’overdose.

DOOM: The Dark Ages
DOOM: The Dark Ages
DOOM: The Dark Ages
DOOM: The Dark Ages

Contre un des premiers boss, un sorte d’énorme araignée mécanisée, je me suis senti un peu comme dans un Mario. J’ai relancé Mario Galaxy avec ma fille il y a peu de temps, et force est de constaté que les combats de boss dans lesquels on doit renvoyer un orbe coloré pour étourdir l’ennemi avant de lui faire une attaque rodéo… c’est très (en fait beaucoup trop) proche de ce que propose certains boss de Doom. Triste comparaison, mais je vous assure qu’elle m’est venue en pleine partie.  

DOOM: The Dark Ages
DOOM: The Dark Ages

Les ennemis emblématiques de la saga sont de retour, retravaillés pour s’insérer dans cette nouvelle logique de parade et d’appels-réponses. Les Pinkies foncent tête baissée, les Imps balancent leurs projectiles verts, les Cyberdemons imposent des rythmes précis. On se croirait parfois dans une salle de boss de DOOM Eternal en boucle, où un tiers du bestiaire applique les mêmes mécaniques que les redoutés Maraudeurs : anticiper, parer, riposter.

DOOM: The Dark Ages
DOOM: The Dark Ages
DOOM: The Dark Ages
DOOM: The Dark Ages

C’est très lisible, parfois trop. Chaque arène devient un exercice de style plus qu’un véritable défouloir. Une partie de la sauvagerie viscérale se perd dans cette grammaire de game design trop bien apprise.
Le level design offre quelques libertés, mais donne rapidement l'impression de vider une checklist. Chaque zone “bac à sable” est un mini donjon à fouiller, où l'on active un portail, déclenche une vague d’ennemis, et reçoit une pièce d’équipement. Les upgrades et les runes sont planqués dans les recoins, mais l’exploration se réduit souvent à une lecture de carte toutes les trois minutes, comme dans un Metroidvania un peu fainéant.

DOOM: The Dark Ages
DOOM: The Dark Ages

Quant aux armes, elles ont perdu en mordant. Le super shotgun est en retrait, le fléau démoniaque, pourtant superbe, n’est qu’un rouage de plus dans une mécanique trop huilée. Et malgré la diversité des outils, peu incitent vraiment à sortir du sacro-saint combo "parade + finish". Il manque cette folie expérimentale qu’offraient les mods d’armes dans Eternal ou les stratégies à trois temps du précédent DOOM.

DOOM: The Dark Ages
DOOM: The Dark Ages

Entre deux massacres à pied, DOOM: The Dark Ages tente d’innover avec des phases aux commandes de machines gigantesques, mais le résultat est mitigé. Les séquences en robot géant proposent des combats simplifiés au maximum : il suffit essentiellement de spammer le clic gauche avant d’esquiver les attaques, puis d’appuyer sur le clic droit pour riposter. Cette mécanique minimaliste, bien que répétitive, reste supportable grâce à la brièveté de ces phases. En revanche, les affrontements en dragon aérien déçoivent nettement davantage. On sent une tentative forcée d’intégrer un passage en véhicule volant, probablement sous influence extérieure, mais la jouabilité est famélique : le dragon est verrouillé sur une cible immobile, et le joueur ne peut que se déplacer de façon basique pour esquiver avant de contre-attaquer, sans aucun véritable dogfight ni sensation de pilotage. Ces séquences, franchement ennuyeuses, restent heureusement anecdotiques et ne ternissent pas complètement l’expérience globale du jeu.

DOOM: The Dark Ages
DOOM: The Dark Ages

Il faut le dire : malgré tout, ça reste DOOM. Ça tape, ça gicle, ça hurle. Quand tout s’aligne, c’est un ballet mortel de vitesse, de précision, et de viscères. Mais c’est un ballet dirigé par un chef d’orchestre trop visible. Là où DOOM Eternal laissait le joueur improviser comme un batteur en feu, The Dark Ages impose sa partition. Et gare à celui qui sort du rythme.

DOOM: The Dark Ages
DOOM: The Dark Ages

Graphisme

19/20

Sur le plan visuel, The Dark Ages est une splendeur gothique. L’univers semble sorti d’une fusion blasphématoire entre les gravures d’Albrecht Dürer et les illustrations de Diablo. C’est sale, c’est oppressant, c’est sculpté dans la pierre maudite. Les titans en arrière-plan, les forteresses cyclopéennes, les marais dégoulinants, tout respire une fantasy noire et suffocante. Du Hexen en Unreal Engine, baigné dans les relents d’un Dark Souls hérétique.

DOOM: The Dark Ages
DOOM: The Dark Ages

L’architecture évoque souvent Warhammer 40000 et Dark Messiah, mais le style visuel parvient à se forger une identité propre. Les effets de lumière soulignent les reliefs démoniaques, les giclées de sang éclaboussent la dalle de pierre comme dans un opéra maudit. Le design des ennemis, retravaillés pour correspondre à l’univers, reste lisible, lisant et souvent grotesquement spectaculaire. Les glory kill, véritable marque de fabrique des deux premiers doom, ont été repensé plus courtes qu’avant (quel dommage), mais toujours délicieusement barbares.

DOOM: The Dark Ages
DOOM: The Dark Ages

Et puis, il faut l’avouer : il y a des moments où cette esthétique techno-médiévale, entre armures en peau de bête laissant apparaître les muscles saillants, statues démesurées en forme de gueules de monstres, citadelles creusées dans des falaises cornues,  m’a irrésistiblement évoqué Musclor. Oui, He-Man lui-même. Aussi bien la série animée vintage des années 80 que sa suite moderne, sombre et baroque, orchestrée par Kevin Smith (que je vous invite à découvrir si ce n’est déjà fait). Est-ce un compliment ou une critique ? C’est à vous de juger. Mais une chose est sûre : cette parenté inattendue ajoute une dimension pulp savoureuse à l’univers, comme si le kitsch musclé de l’enfance venait se perdre dans les ténèbres d’un cauchemar gothique.

DOOM: The Dark Ages
DOOM: The Dark Ages
DOOM: The Dark Ages
DOOM: The Dark Ages

Bande son

15/20

C’est peut-être ici que le bât blesse le plus. La bande-son, pourtant correcte, peine à égaler le niveau stratosphérique atteint par Mick Gordon dans DOOM Eternal. Il y a bien quelques riffs grinçants, quelques basses analogiques qui vibrent comme une corde d’arbalète surchauffée, mais l’ensemble manque de violence sonore.

Le tempo suit les vagues ennemies, mais sans jamais exploser. On est plus proche d’un fond sonore héroïque que d’un concert metal en enfer. Et sans la transcendance des musiques précédentes, une partie de la rage du Slayer reste prisonnière du silence.

DOOM: The Dark Ages
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ConclusionMon avis concernant DOOM: The Dark Ages sur PC

15/20

DOOM: The Dark Ages est un FPS étrange, baroque, brutal et contraint. Il cherche à renouveler la formule, à proposer un gameplay plus méthodique, plus solennel, mais perd en route une partie de la furie viscérale qui faisait la grandeur des épisodes précédents. Il est à DOOM Eternal ce que Bloodborne est à Dark Souls : une expérimentation fascinante, mais inégale, dont l’ambition narrative et mécanique bride parfois la sauvagerie originelle.
Mais dans son armure dorée, au milieu des catapultes à démons et des incantations démoniaques, le Slayer reste fidèle à lui-même. Il frappe, il brûle, il découpe. Et même si le feu sacré vacille, il y a dans chaque combat une étincelle qui rappelle pourquoi DOOM règne encore sur l’arène des FPS infernaux.
Mais serai-je aussi sévère avec lui si ces prédécesseurs n’avaient pas été aussi grands ? N’avais-je pas trop attendu de ce jeu, me donnant une subjectivité qui le dessert ? Et merde… On a quand même envie d’y retourner.

En résumé

Les points forts Les points forts de DOOM: The Dark Ages

  • - Ambiance dark fantasy réussie, visuellement marquante
  • - Le bouclier, mécanique centrale bien pensée et jouissive
  • - Système de parade dynamique
  • - Bestiaire retravaillé avec de nouveaux patterns
  • - Design sonore toujours aussi percutant

Les points faibles Les points faibles de DOOM: The Dark Ages

  • - Narration lourde et peu engageante
  • - Perte du rythme frénétique des précédents épisodes
  • - Combats trop rigides, manque de spontanéité
  • - Boss parfois trop scriptés et répétitifs
  • - Transitions scénaristiques floues avec le reste de la saga

Bande annonce du jeu DOOM: The Dark Ages

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