Test de The Outlast Trials : plongée dans l'horreur clinique de Red Barrels

Le test du jeu The Outlast Trials, édité par Red Barrels et développé par Red Barrels, a été réalisé sur PC.

Couverture de l'article : Test de The Outlast Trials : plongée dans l'horreur clinique de Red Barrels

Sommaire

Table des matières

The Outlast Trials

Test de The Outlast Trials : plongée dans l'horreur clinique de Red Barrels

Dans le laboratoire clandestin de Murkoff, la folie est un outil, la douleur une méthode, et l’humanité un souvenir lointain. The Outlast Trials, développé et édité par le studio canadien Red Barrels, poursuit la lente descente amorcée par la série dans les entrailles de l’inhumain. Cette fois, pas de journaliste solitaire, mais un cobaye parmi d'autres, enfermé dans un programme de rééducation où l'horreur n'est plus seulement un spectacle mais un processus. En s'aventurant sur le terrain glissant du jeu coopératif, tout en conservant l’ADN malsain qui a fait la renommée de la saga, Red Barrels livre un cauchemar partagé, retors, d’une rare intensité. Aurez-vous les nerfs suffisamment accroché pour descendre dans les laboratoires ? Découvrez le test de The Outlast Trials disponible sur PC, PlayStation et Xbox X|S depuis le 5 mars 2024.

The Outlast Trials, c’est une plongée à vif dans une horreur clinique, organique, pensée pour infecter l’imaginaire
  • The Outlast Trials

    The Outlast Trials

  • The Outlast Trials

    The Outlast Trials

  • The Outlast Trials

    The Outlast Trials

L'histoire de The Outlast Trials

16/20

The Outlast Trials se déroule à la fin des années 1950, en pleine guerre froide, dans une Amérique rongée par la paranoïa et la chasse aux espions. C’est dans cette atmosphère délétère que la multinationale Murkoff étend ses tentacules en collaborant avec les services secrets américains pour mener des expériences secrètes sur le comportement humain. Officiellement, il s’agit de recherches sur la psychologie, l’obéissance et la réhabilitation sociale.

The Outlast Trials
The Outlast Trials

En réalité, Murkoff participe à un programme clandestin inspiré des véritables projets de manipulation mentale de l’époque. Le but ? Transformer des individus "perdus", sans attaches, sans existence officielle, en armes humaines, en agents dormants totalement conditionnés, prêts à être activés à distance pour exécuter des ordres ou semer le chaos.

The Outlast Trials
The Outlast Trials

Vous incarnez un de ces cobayes. Arraché à votre vie par une promesse de rédemption ou une simple disparition discrète, vous êtes plongé dans les entrailles d’un centre d’expérimentation aussi vaste qu’inhumain. Votre identité vous est arrachée, vos souvenirs effacés, votre corps marqué par la chirurgie : des lunettes de vision nocturne sont greffées directement à votre crâne. À partir de là, tout n’est plus qu’"entraînement",  entendez par là, torture psychologique, lavage de cerveau, humiliation publique et mutilation planifiée.

The Outlast Trials
The Outlast Trials

Le centre est divisé en zones qui simulent des lieux de la vie civile : tribunal, orphelinat, poste de police, usine de jouets… Mais ce ne sont que des décors de théâtre sordide, assemblés avec des mannequins de bois, des murs en carton et des bruits enregistrés. Des décors de cinéma où vous êtes à la fois acteur et victime, prisonnier d’un cauchemar conçu pour tester vos réactions au stress, à la peur, à la douleur, et surtout à l’obéissance. Chaque mission que vous accomplissez est une "épreuve", une simulation orchestrée par Murkoff pour évaluer votre potentiel de soumission et de violence.

The Outlast Trials
The Outlast Trials

Vous n’êtes pas seul. D’autres cobayes subissent le même sort, et certains d’entre eux ont basculé. Devenus fous ou défigurés par les expériences, ces anciens sujets d’expérimentation rôdent désormais dans les couloirs du complexe. Certains sont devenus des figures emblématiques de la peur : Phyllis Futterman, alias Maman Oie, une animatrice télé pour enfants métamorphosée en caricature cannibale, armée d’un gant-pantin au bec garni de dents humaines et d’une perceuse ; ou encore Otto et Arora Kress, jumeaux siamois unis par la souffrance, avancent tels un seul corps cauchemardesque : lui rampant à la force des bras, elle perchée sur son dos, visage masqué et seringue en main, guidant leur chair commune dans une danse morbide de piqûres, de cris étouffés et de terreur méthodique.

The Outlast Trials
The Outlast Trials

Entre les missions, les sujets retournent dans une zone centrale nommée la Salle de Sommeil. Présentée comme un lieu de repos et de réconfort, elle n’est en réalité qu’une autre couche de manipulation. On y discute, on y échange des médicaments, on y entend les messages hypnotiques du docteur Easterman, le cerveau du programme. Il vous parle comme un père, un guide, un prophète, mais tout dans son discours respire la perversion du langage : ici, la douleur est une leçon, la souffrance une purification, et l’abandon de soi un progrès.

The Outlast Trials
The Outlast Trials

Vous aurez compris les ressorts scénaristiques qui permettent la justification d’une part du multi joueurs, vous êtes tous des cobayes soumis aux mêmes épreuves sadiques, mais également le HUB central est ainsi incorporé narrativement à l’avancer dans le jeu. Un gros travail sur le fond comme sur la forme est fait pour plonger le joueur dans une ambiance cauchemardesque… et le mot est faible !

Game System

14/20

The Outlast Trials s'inscrit dans la lignée de ses prédécesseurs en reprenant les fondations de leur jouabilité : l'absence d'armes, la vulnérabilité permanente, la peur comme moteur de progression. Vous avancez dans un level, tentant de trouver la sortie, en évitant comme vous le pouvez les créatures hideuses et informes qui vous poursuivent.

The Outlast Trials
The Outlast Trials

Toutefois, cet opus introduit une dimension coopérative inédite, où jusqu'à quatre cobayes peuvent endurer les épreuves ensemble. Ce multijoueur assoit une structure nouvelle : celle d’un gigantesque escape game. terrifiant et visuellement cauchemardesque, très intelligemment porté scénaristiquement, mais dont les mécaniques révèlent rapidement un fonctionnement rigoureux, presque mathématique. Le sentiment d’urgence vitale, propre à l’horreur viscérale, s’efface parfois derrière la logique de la répétition, de l’optimisation, et d’une architecture trop maîtrisée.
Les niveaux sont construits comme des arènes fermées, soigneusement dessinées par la Murkoff Corporation. Ce sont des décors d'expérimentation (un tribunal déshumanisé, une usine désaffectée, un orphelinat en ruine), dans lesquels les joueurs doivent accomplir des objectifs imposés. On y croise des pièges, des bourreaux, des portes codées, mais aussi des objets positionnés avec une efficacité quasi chirurgicale. Le foisonnement d’items (antidotes, soins, briques, bouteilles) semble trop orchestré pour permettre un véritable sentiment de détresse ou de spontanéité. Tout y est fonctionnel, systématique.
Le joueur évolue donc dans un jeu de cache-cache géant, au sein d’un décor de cauchemar contrôlé, trop propre dans son horreur. Les ennemis peuvent être facilement contournés une fois leurs routines comprises. Leur intelligence artificielle, bien que dynamique, se laisse vite berner par quelques astuces, rendant l’épreuve parfois autant stratégique qu'angoissante. Le jeu cherche à maintenir un niveau d’intensité élevé en permanence, mais à force de ne jamais relâcher la pression, il finit par émousser l'effet de peur. La montée progressive de l’effroi, essentielle dans l’horreur psychologique, cède ici la place à une intensité continue, prévisible. On sursaute parfois, mais on ne s'enfonce pas dans les tréfonds de sa propre psyché, là où la vraie horreur se tapit.

The Outlast Trials
The Outlast Trials
The Outlast Trials
The Outlast Trials

Du point de vue purement mécanique, le jeu innove avec un système de machines personnalisables : étourdissement, aveuglement, soins, et repérage à travers les murs. Chacune se recharge dans le temps et peut être améliorée selon huit variantes, ce qui permet d’adapter son style de jeu. Ces compétences s’acquièrent dans l’atelier de Cornelius Noakes. À cela s’ajoutent les amplis, des capacités passives influant sur le bruit, la discrétion ou la régénération, vendues par Dorris au réfectoire. Enfin, des prescriptions permettent d’augmenter l’endurance, le nombre d’emplacements dans l’inventaire, ou encore de repousser un ennemi une fois par réflexe de survie, améliorations permanentes disponibles via la pharmacie d’Emily Barlow. Ces ajouts enrichissent l’expérience sans la transformer en un jeu d’action. Tout reste centré sur l’évasion et l’endurance mentale.

The Outlast Trials
The Outlast Trials

Mais cette personnalisation va de pair avec un système de progression persistante. Machines, amplis, cosmétiques, tout se débloque avec des crédits obtenus en fin de mission, où une note vous est attribuée selon vos performances. Il devient donc tentant de répéter les mêmes cartes, rejouer les mêmes missions, pour monter de niveau, débloquer une lunette ou un nouveau vêtement. Cette logique de “replay value”, justifiée dans un cadre multijoueur, a un effet secondaire : elle désamorce la peur. Refaire une map avec des ennemis et pièges identiques, même en difficulté variable, finit par provoquer une routine. Or l’horreur a besoin de chaos, d’imprévu, de choc. Ici, tout est calibré, même la folie.

The Outlast Trials
The Outlast Trials

Même la santé mentale, mécanisme pourtant central du jeu, s’inscrit dans cette logique expérimentale. Quand la jauge de psyché diminue, le joueur est assailli d’hallucinations, d’apparitions et de troubles sensoriels. Si elle se vide, une entité spectrale apparaît, visible uniquement par la victime, et le pousse aux limites du délire. C’est une idée brillante sur le papier, mais qui peine à s’ancrer émotionnellement lorsqu’elle devient un obstacle à contourner comme un autre. On en vient à gérer la folie comme une variable de gameplay, plutôt que de la ressentir comme un effondrement intérieur.

The Outlast Trials
The Outlast Trials

Je terminerai avec une mécanique de jeu qui résume tout mon propos. L’impossibilité de marcher silencieusement : on ne peut que courir ou se baisser. D’un point de vue purement formel, le fait de marcher sans un bruit ou de s’accroupir permet d’une part de ralentir mais surtout de ne pas faire de bruit, de ne pas alerter les ennemis. Mais d’un point de vue des sensations, c’est très différent ! Dans la vie, je ne me déplacerai pas en patte de canard, qui me détruirai les cuisses en 20 mètres. On sent la mécanique prendre le pas sur la sensation. Le corps du joueur semble contraint par des règles de jeu, et non par la panique viscérale ou la crainte silencieuse. Ce détail illustre un malaise plus global : The Outlast Trials nous fait vivre une expérience intense, mais pas une survie authentique. On n’est pas perdu dans l’horreur, on participe à une simulation. Et si cette simulation est bien réalisée, elle en devient presque trop lisible, trop encadrée pour être véritablement terrifiante.

Graphisme

19/20

L’univers visuel de The Outlast Trials est un labyrinthe de chair et de rouille, un cauchemar visuel digne des visions les plus maladives de Clive Barker ou David Cronenberg. Les couloirs décrépis de l'installation de Murkoff suintent la folie, chaque mur semble respirer, chaque ampoule grésillante projette une ombre malsaine qui s’accroche aux objets comme des lambeaux de réalité déchirée. Ce n’est pas simplement glauque : c’est organique, invasif, une corruption qui semble s’insinuer jusque sous la peau du joueur.

The Outlast Trials
The Outlast Trials

La lumière n’éclaire pas ici, elle dissimule. Les ténèbres ne sont pas vides mais grouillantes. On pense à la moiteur infernale de Silent Hill 2, à l’enfer psychique de Jacob’s Ladder, ou à l’architecture délabrée et veineuse du vaisseau dans Event Horizon. Chaque recoin cache une horreur muette, une silhouette difforme, une trace de sang impossible à dater. Rien n’est propre : tout est souillé, poisseux, comme si le décor lui-même était malade. Même les interfaces du jeu participent à cette sensation d’aliénation, en épousant un style clinique brutal, brutaliste même, évoquant un monde où la science a dépassé toute éthique pour n’être plus qu’un outil de démolition de l’humain.

The Outlast Trials
The Outlast Trials

Les ennemis, en particulier, sont des visions infernales échappées d’un manuel chirurgical rédigé par un sadique : masques de cuir cousus, corps modifiés, outils médicaux détournés en instruments de supplice. Otto et Arora Kress incarnent cette esthétique du monstrueux avec une précision chirurgicale : la fusion de leurs deux corps rappelle les visions biomécaniques de Hellraiser, ou les hybrides profanés du Festin Nu. Ce ne sont pas des monstres au sens classique : ce sont des révélations visuelles de la souffrance humaine portée à son paroxysme.

The Outlast Trials
The Outlast Trials

En un mot, The Outlast Trials ne cherche pas à être "beau". Il est conçu pour contaminer la rétine, pour imprégner l’imaginaire d’un malaise persistant. Il est un miroir brisé tendu au joueur, et chaque éclat renvoie une image déformée de son propre seuil de tolérance à l’horreur. Rarement je n’ai trouvé un jeu aussi beau et laid à la fois.

Bande son

19/20

La bande-son de The Outlast Trials n’est pas un simple habillage sonore : c’est une entité à part entière, qui rampe sous la peau, glisse entre les omoplates et vient siffler juste derrière l’oreille, avec cette précision troublante qui fait douter de la frontière entre le jeu et la réalité. Ici, le silence est un langage, les soupirs sont des présages, et chaque craquement sonore devient un coup de scalpel dans les nerfs du joueur.

Le sound design est d’une minutie diabolique. Le moindre mouvement, qu’il s’agisse d’un pas précipité sur un sol carrelé, du frôlement d’un rideau en plastique dans une salle d’opération, ou du glissement étouffé d’un corps rampant sur du béton humide, est restitué avec une fidélité saisissante. Le jeu parvient à faire ressentir physiquement l’espace sonore : se cacher dans un placard fait résonner les bruits comme à travers une caisse de résonance étouffée, ramper sous une table modifie subtilement les aigus et les basses, et même le souffle du joueur semble réagir à l’acoustique du lieu. On pense aux expérimentations sonores de The Babadook ou aux ambiances suffocantes de The Witch et Hereditary, où chaque grésillement ou craquement devient une source de tension à part entière.

Les voix, elles, sont incarnées avec une intensité rare. Les cris de panique, les halètements désespérés, les supplications grotesques des cobayes, les monologues froids et déshumanisés des "éducateurs" : tout sonne juste, jamais surjoué, toujours glaçant. Le casting vocal anglais livre une performance remarquable, mais le doublage français, souvent négligé dans le jeu vidéo d’horreur, est ici d’une qualité exceptionnelle. Les comédiens ne se contentent pas de traduire : ils interprètent, avec une justesse de ton et une implication émotionnelle qui renforcent encore l’immersion. Les Kress, par exemple, passent d’une tendresse hystérique à une cruauté glaciale dans une même phrase, avec un naturel qui donne le vertige.

L’ensemble crée une illusion sensorielle presque totale. À certains moments, on jurerait être dans la pièce. Non pas dans le sens figuré, mais littéralement : comme si le jeu avait réussi à déchirer un pan du réel pour nous y faire glisser. On n’écoute pas The Outlast Trials, on l’habite, on le subit, on l’entend respirer dans l’ombre. Et parfois, quand on retire son casque, le silence laisse une sensation étrange : celle d’être revenu d’un endroit où l’on n’aurait jamais dû entrer

ConclusionMon avis concernant The Outlast Trials sur PC

15/20

The Outlast Trials n’est pas seulement une réussite d’ambiance : c’est une plongée à vif dans une horreur clinique, organique, pensée pour infecter l’imaginaire. Visuellement, chaque recoin suinte la perversion et la douleur ; auditivement, chaque souffle, chaque grincement, chaque murmure se glisse sous la peau. Mais au-delà de ses qualités formelles, le jeu impressionne aussi par la maturité de son propos : il ne se contente pas d’effrayer, il dissèque le corps social, le langage de la violence, et l’idéologie de la soumission. Étrange créature ludique, située à la frontière du jeu d’évitement et de l’expérience d’horreur narrative, The Outlast Trials refuse de choisir son camp, pour le meilleur, lorsqu’il nous empoigne dans une immersion totale, oppressante, presque rituelle, et pour le pire, quand l’horreur ne devient que l’oripeau d’un gameplay moins inspiré, aux mécaniques parfois répétitives ou prévisibles. à la fois œuvre collective si vous le parcourez à plusieurs ou cri solitaire si vous préférez le faire en solo, mais à ne pas mettre entre toutes les mains.

Bande annonce du jeu The Outlast Trials

Prix en ligne

Commander en ligne Acheter The Outlast Trials

Prix de base 39.99 €