Test Fretless The Wrath of Riffson : une odyssée sonore où la musique devient gameplay

Le test du jeu Fretless - The Wrath of Riffson, édité par Playdigious Originals et développé par Ritual Studios, a été réalisé sur PC.

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Sommaire

Table des matières

Fretless - The Wrath of Riffson

Test Fretless The Wrath of Riffson : une odyssée sonore où la musique devient gameplay

Derrière Fretless: The Wrath of Riffson, on retrouve Ritual Studios, un petit studio indépendant qui signe ici son premier jeu d’envergure. Basé à Chicago, et composé en partie de développeurs-musiciens, le studio a clairement voulu concevoir un titre à leur image : hybride, sincère, et obsédé par les guitares. L’édition est assurée par Playdigious Originals
Fretless: The Wrath of Riffson nous embarque dans une odyssée électrique où les notes remplacent les balles et les pédales d’effet font office de sorts. C’est un jeu qui parle autant à ceux qui ont passé leur adolescence à démonter des amplis qu’à ceux qui cherchent juste un RPG différent, vibrant, qui groove plus qu’il ne frappe.
Dans cette étrange contrée, quelque part entre les reverbs d’un album de Buckethead et les syncopes métronomiques d’un Tosin Abasi, on joue des cartes comme on aligne des harmoniques, on explore des biomes amplifiés, on affronte des ennemis qui sont des genres musicaux incarnés. Etes-vous prêt à lancer ce jeu comme on lance un album sur une bonne vieille chaine Hifi 3CD (retro gaming oblige) ? Réponse, en découvrant le test de Fretless : the wrath of Riffson disponible sur PC depuis le 17 juillet 2025.

Fretless : the wrath of Riffson est un jeu qui fait preuve d’un respect immense pour la culture instrumentale
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L'histoire de Fretless - The Wrath of Riffson

14/20

Dans Fretless: The Wrath of Riffson, l’univers entier est une vaste partition où chaque lieu, chaque personnage, chaque conflit est gouverné par les lois de l’harmonie, ou de sa destruction. La musique n’est pas un art, c’est une force vitale, un langage universel et une arme. Le monde dans lequel évolue Rob, notre protagoniste silencieux mais habité par la flamme du groove, est plongé dans une crise profonde : les accords se désaccordent, les mélodies sont asservies, les musiciens disparaissent un à un, avalés par une société tentaculaire nommée Super Metal Records.

Fretless - The Wrath of Riffson
Fretless - The Wrath of Riffson

À sa tête, Rick Riffson, tyran du son, génie de la sixième corde et manager mégalo. Imagine un mix entre Dio période Holy Diver, un boss de fin de Guitar Hero, et un exécutif de label qui aurait pactisé avec Satan pour que tout le monde joue uniquement en drop D. Ce dernier organise un Battle of the Bands global, soi-disant pour "inspirer" les musiciens… mais en vérité, chaque performance est une arène, chaque défaite un asservissement. Les artistes perdants voient leurs âmes absorbées, leurs notes volées, leur essence détournée au service de l’empire sonore de Riffson.

Fretless - The Wrath of Riffson
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Rob, lui, est un modeste musicien de village, mais il possède une chose que les autres ont perdu : la vibe. Et surtout, une guitare enchantée. Il quitte son petit coin de campagne pour traverser un monde musical en ruine, de forêts folks aux rythmes paisibles aux canyons saturés de distorsion metal, en passant par des cavernes technoïdes où résonne le bourdonnement synthétique des anciens. 
Pour ceux qui connaissent Music Land de Disney, le court métrage des années 40, tout le jeu est dans cet esprit.

Fretless - The Wrath of Riffson
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En chemin, il affronte des ennemis instrumentalisés, littéralement. Contrebasses enragées, cymbales mutantes, batteries tribales possédées par des démons du BPM. Chaque région est dominée par un style musical corrompu par la mainmise de Riffson : un royaume jazz devenu dissonant et menaçant, un ancien conservatoire classique transformé en bunker d’élite sonore, ou encore une citadelle punk où tout est chaos et feedback.

Fretless - The Wrath of Riffson
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À mesure que Rob progresse, il débloque de nouveaux instruments, chacun doté de sa propre personnalité et de son style de jeu, comme autant de chapitres dans un album-concept. Et chaque victoire le rapproche de son grand final : un duel ultime contre Rick Riffson au sommet de la tour de Super Metal Records, dans un amphithéâtre démesuré où les riffs sont des météores et les breakdowns peuvent fissurer la terre.

L’histoire de Fretless n’est pas là pour révolutionner le RPG, mais elle fonctionne comme une opéra rock vidéoludique, où chaque boss est un solo épique et chaque dialogue un sample de l’amour du jeu pour la musique. C’est une fable sur la liberté artistique, sur l’intégrité face à la marchandisation du son. Une rock tale aussi barrée que sincère, dont on fredonne encore les refrains longtemps après la fin.

Game System

14/20

Fretless: The Wrath of Riffson propose un gameplay hybride, à la croisée du deck-building, du jeu de rôle et du jeu de rythme. Sur le papier, l’intention est louable : créer une expérience accessible, modulable, où chaque joueur peut adapter sa manière de jouer à un instrument et à un style musical.
Le cœur du système repose sur un enchaînement de cartes, appelées ici "riffs", jouées à chaque tour dans des affrontements au tour par tour. On compose un deck par instrument, avec des cartes d’attaque, de défense, de soins ou de statut. Chaque carte peut être jouée avec un timing rythmique qui, si respecté, en améliore les effets.

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Chaque instrument dispose d’un set de cartes spécifiques et d’une mécanique propre : une jauge de slap à gérer pour la basse, des effets cumulables pour le synthétiseur, une consommation de vie pour la guitare huit cordes… L’approche est différenciée, mais pas fondamentalement stratégique. Le deckbuilding reste assez dirigiste. Il existe des combinaisons efficaces, mais peu d’occasions de réellement créer un "build" original ou inattendu. Le jeu suggère une profondeur tactique qu’il ne développe pas entièrement.

Fretless - The Wrath of Riffson
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L’autre grande composante du gameplay tient dans les mécaniques de rythme. Chaque action s’accompagne d’un mini-QTE où il faut appuyer au bon moment pour maximiser l’efficacité. Cela ajoute un peu de dynamisme, mais la difficulté reste largement en deçà de ce que l’on attendrait d’un véritable jeu de rythme. Les fenêtres sont larges, les pénalités peu marquées, et au final, l’aspect rythmique relève plus de l’habillage que d’un véritable moteur de jeu. L’oreille musicale peut aider à se synchroniser, mais ce n’est jamais décisif.
Le système de Crescendo, une jauge qui se remplit à force d’enchaîner des actions en rythme, permet de déclencher une attaque spéciale en QTE. Là encore, l'idée est intéressante, mais répétitive, et pas suffisamment impactante pour vraiment renverser l’issue d’un combat.

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Le jeu emprunte aussi des éléments au RPG : un héros, des équipements, une progression par l’exploration, quelques énigmes et objets secondaires. Mais là encore, tout est très balisé. L’aventure est linéaire, sans embranchements, sans prise de décision, et sans réelle liberté dans l’ordre ou la manière de faire. Il n’y a pas de niveaux à gagner, pas de système d’expérience : toute la progression repose sur l’amélioration des instruments, via des mods et des accessoires à équiper. Cela fonctionne mécaniquement, mais limite les possibilités d’évolution ou de personnalisation.
Le système d’amélioration est simple : chaque instrument peut être renforcé avec quelques éléments (cordes, micros, pédales), mais les options restent minimes. On débloque rapidement la majorité du contenu, et l’impression de stagnation s’installe.

Fretless - The Wrath of Riffson
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Le principal défaut du gameplay de Fretless est sans doute qu’il ne va jamais au bout de ses intentions. Le deckbuilding manque de profondeur et de variété, le rythme manque d’exigence, et l’aspect RPG manque de liberté. L’ensemble reste cohérent, très agréable à jouer, mais peine à provoquer un vrai engagement sur la durée.
L’impression générale est celle d’un système bien pensé, bien exécuté, mais trop lisse. C’est toujours le risque quand on veut être à la croiser de plusieurs styles, on n’en exploite aucun vraiment. La même impression que j’ai eu avec Cult of the Lamb par exemple, qui n’est jamais un rogue like palpitant, jamais un jeu de gestion intransigeant. Tout repose sur l’univers graphique et sonore pour convaincre le joueur de vivre l’aventure… et ça marche !

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Graphisme

17/20

L’univers visuel de Fretless possède une vraie personnalité. Loin d’un pixel art générique ou paresseux, il s’appuie sur une direction artistique claire, vibrante, et surtout totalement en phase avec l’univers musical qu’il cherche à évoquer. Chaque personnage, chaque ennemi, chaque décor est pensé comme une variation visuelle autour d’un instrument ou d’un style musical : un batteur-pieuvre au groove tentaculaire, des basses ambulantes aux silhouettes trapues, ou encore des claviers humanoïdes à l’aura synthétique. Rien n’est laissé au hasard, et l’ensemble forme un monde cohérent, où tout semble animé par une logique sonore.

Fretless - The Wrath of Riffson
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Ce qui impressionne surtout, c’est l’animation. Le pixel art utilisé ici est relativement grossier, dans le bon sens du terme : des sprites larges, visibles, presque caricaturaux. Et pourtant, tout semble vivant. Chaque mouvement, chaque posture, chaque attaque ou interaction possède une fluidité maîtrisée, un rythme propre. Les personnages ne se contentent pas de bouger : ils dansent. Le monde entier paraît calé sur une pulsation invisible, comme si l’univers battait au même tempo que la musique.
C’est cette animation qui donne toute sa richesse au visuel du jeu. Elle sublime les sprites, leur donne du relief, du poids, et surtout une vraie énergie. Les transitions sont nettes, les effets visuels lors des Crescendos bien intégrés, les boss impressionnent par leur présence scénique. On a l’impression d’assister à un concert animé, plutôt qu’à une simple aventure rétro.
Le travail artistique n’est pas spectaculaire dans le sens classique du terme, mais il est d’une cohérence remarquable. Il ne cherche pas l’effet de manche : il installe un univers solide, lisible et immédiatement reconnaissable. Un monde qui vit, qui pulse, qui réagit, où chaque élément visuel joue sa note juste.

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Bande son

19/20

Fretless est un jeu où la musique ne se contente pas d’accompagner l’action : elle en est le moteur, le décor, et souvent le sens même. De l’univers sonore jaillit une cohérence rare, portée par un travail de composition impressionnant, tant sur le plan technique que créatif.
Chaque arme parmi les quatre proposées correspond à un univers musical distinct, à une identité sonore complète. Chaque style dicte le feeling des attaques, la sonorité des impacts, le rythme du combat. Les ennemis eux aussi incarnent des genres musicaux à part entière, parfois jusqu'à la caricature, souvent jusqu'à la justesse absolue. Une araignée devient distortion saturée, une créature aquatique vibre à la manière d’un chorus détuné, une harpie incarne un arpège de folk cristalline. L’ensemble forme un bestiaire sonore immédiatement identifiable, aussi plaisant à entendre qu’à affronter.

Fretless - The Wrath of Riffson
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Les environnements sont eux-mêmes intégrés à ce grand orchestre visuel et sonore. Le monde entier "résonne" : les plantes tintent comme des clochettes, les sols en bois grincent comme des xylophones, les structures métalliques vibrent comme des cordes pincées. Rien n’est gratuit, chaque élément a sa signature sonore. Je vous l'ai déjà évoqué, mais le jeu évoque vraiment Music Land, le chef-d’œuvre de Disney de 1935, où chaque entité, chaque décor, chaque personnage naissait d’un instrument. Fretless transpose ce rêve musical dans un monde interactif, où tout semble joué en direct par un orchestre invisible.

Côté genres musicaux, la diversité est au rendez-vous, et jamais superficielle. Le jeu passe de la folk douce à la djent agressive en passant par de la pop acoustique ou de la synthwave. Mais surtout, il le fait avec une précision et une connaissance instrumentale bluffante. Chaque style est respecté, avec ses rythmiques, ses timbres, ses sonorités, parfois même ses clichés, que le jeu détourne ou embrasse avec finesse. La personnalisation des instruments ne se limite pas à des bonus cosmétiques : pédales d’effet, chevalets, micros humbucker ou single coil... tout l’arsenal du musicien est convoqué pour façonner le gameplay, mais aussi le timbre de jeu.

Fretless - The Wrath of Riffson
Fretless - The Wrath of Riffson

Et pourtant, cette richesse ne crée jamais de barrière. Fretless réussit à être un jeu musical d’initié, bourré de clins d'œil, de références pointues, d’allusions techniques, sans jamais perdre le joueur profane. On apprend, on devine, on sent le savoir académique derrière le jeu, même si l’on ne connaît pas. C’est là que réside l’exploit : dans cette capacité à faire de la complexité une promesse d’accessibilité, pas une frontière.

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ConclusionMon avis concernant Fretless - The Wrath of Riffson sur PC

16/20

Fretless: The Wrath of Riffson impressionne par son univers sonore et visuel parfaitement incarné, par la richesse de ses références musicales, et par l’intelligence de son écriture esthétique. C’est un jeu qui fait preuve d’un respect immense pour la culture instrumentale, du math rock à la new wave, en passant par le prog, le punk, la funk, la synthwave ou la musique classique.
Mais cette partition ambitieuse, à force d’harmoniser trop de voix différentes, manque parfois de tension et de mordant. Le système de jeu, aussi bien fichu soit-il, reste un peu trop sage, un peu trop linéaire, un peu trop consensuel. Pas assez de risques dans le deckbuilding, pas assez d’exigence rythmique, pas assez de liberté dans l’aventure. 
Fretless reste un jeu marquant, un ovni parfaitement maîtrisé sur le plan artistique, qui donne envie de réécouter ses vieux albums de King Crimson, de réaccorder sa guitare en open tuning, ou de revoir Fantasia avec d’autres yeux. Un jeu plus mélodique qu’expérimental, plus accessible qu’avant-gardiste, mais toujours habité par une vraie passion du son et de ceux qui le font.

En résumé

Les points forts Les points forts de Fretless - The Wrath of Riffson

  • - Univers visuel et sonore cohérent, riche et inspiré.
  • - Mécaniques hybrides originales mêlant deckbuilding et rythme.
  • - Accessibilité pour néophytes tout en offrant des clins d’œil pointus aux musiciens.

Les points faibles Les points faibles de Fretless - The Wrath of Riffson

  • - Gameplay jamais assez approfondi dans aucun des genres abordés.
  • - Progression linéaire et peu de liberté dans l’aventure et la personnalisation.

Bande annonce du jeu Fretless - The Wrath of Riffson

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