Test du jeu Neon Abyss 2, une suite bien rythmée qui renforce la formule
Le test du jeu Neon Abyss 2, édité par Kepler Ghost et développé par Veevo, a été réalisé sur PC.


Sommaire
Neon Abyss 2

C’est dans un maelström d’icônes numériques, d’armes fantasques et de teintes néon que Neon Abyss 2 rallume la mèche du rogue-lite. Suite directe du premier opus, le jeu développé par Veewo Games et coédité avec Kepler Ghost est disponible sur Steam depuis le 17 juillet. Il assume pleinement son héritage, avec un mélange toujours aussi décapant de mythologie ancienne et de cyber-esthétique. L’objectif : foncer dans l’Abysse, flingue à la main, seul ou en coopération, et transformer chaque run en feu d’artifice pixelisé. Reste à savoir si cette plongée est maîtrisée ou si elle tourne à la chute libre… Réponse en découvrant le test du jeu Neon Abyss 2.
Neon Abyss 2 affine, améliore, densifie ce qui a fait le succès du premier opus
L'histoire de Neon Abyss 2
À l’image de la plupart des roguelites modernes, Neon Abyss 2 s’appuie sur une justification scénaristique pour légitimer son système de mort-résurrection, de progression persistante, et de runs à répétition. Et comme souvent, cette justification tient plus du prétexte que de la véritable narration. Personne ne lance le jeu pour comprendre pourquoi on replonge dans l’Abysse à chaque mort. Ce n’est pas Hadès, et ce n’est clairement pas un jeu où l’on s’attarde à lire les textes. On est ici dans le nouveau "la princesse est dans un autre château" : ça meuble, mais ça ne retient pas.

Cela dit, là où Neon Abyss 2 réussit son coup, c’est dans la mise en scène de son univers. Le scénario s’efface, mais l’ambiance prend le relais avec brio. La satire est omniprésente, distillée dans les environnements, les ennemis, les icônes ridicules de la pop culture numérique. Les boss pastichent les réseaux sociaux avec un cynisme bon enfant, et chaque étage semble conçu comme une critique légère du monde ultra-connecté. L’Abysse, c’est un purgatoire technologique, débile et cruel, peuplé de monstres mécaniques et d’avatars grotesques de notre société.

Mais surtout, ce qui impressionne, c’est le sentiment de vie que dégage le jeu malgré l’absence d’un véritable récit. Le hub central est foisonnant, avec ses personnages animés, ses décors urbains mouvants en arrière-plan, et cette impression que quelque chose se passe, même quand on ne joue pas. Ce monde, aussi absurde soit-il, est habité. Il évoque davantage un terrain de jeu évolutif qu’un univers narratif traditionnel — et au fond, c’est très bien comme ça.
Game System
Dans les grandes lignes, Neon Abyss 2 est un run’n’gun roguelite en vue de profil, qui rappelle immédiatement les jeux Rogue Legacy ou Exit the Gungeon, mais dans une version sous stéroïdes, où la finesse est sacrifiée sur l’autel du fun immédiat. Le jeu reprend les bases du genre : des donjons générés aléatoirement, des salles remplies d’ennemis, des loots en pagaille et une montée en puissance progressive au fil des runs.

Là où il se distingue, c’est dans sa volonté de tout mélanger. Armes à distance aux effets délirants, armes de mêlée (moins convaincantes), artefacts étranges qui changent complètement votre manière de jouer, et surtout, des Hatchimons, ces familiers que l’on fait éclore et combiner pour créer des compagnons de plus en plus absurdes. Ils tournent autour de vous, tirent, protègent, modifient vos compétences, souvent sans qu’on comprenne vraiment ce qu’ils font. La lecture claire des effets — comme dans un Isaac par exemple, n’est pas au programme ici : Neon Abyss 2 assume pleinement la confusion comme outil de gameplay.


Et cette confusion s’étend aussi aux mécaniques de progression. Entre le niveau du joueur (qui se conserve entre les runs), celui de l’arme (qui augmente quand on détruit les autres armes au lieu de les ramasser), les cristaux de foi, les fumées multicolores aux effets nébuleux, ou encore les systèmes d’économie interne (or, dettes, emprunts, boutiques alternatives…), on peine parfois à comprendre les tenants et aboutissants. Le jeu veut proposer de la profondeur, et y parvient partiellement, mais sans offrir la lisibilité nécessaire. Même après avoir lu les explications dans la bibliothèque du hub, certaines mécaniques comme le système de foi ou les fumées restent brumeuses, sans mauvais jeu de mots.


Côté level design, les maps sont riches, truffées de salles spéciales (défis, casinos, magasins, secrets…), et l’exploration est toujours récompensée. Chaque étage se conclut par un boss, souvent très bien animé, dont les attaques sont lisibles et dont la deuxième phase est générée aléatoirement, ce qui permet un certain renouvellement d’un run à l’autre. La boucle de jeu fonctionne très bien, et pousse à l’expérimentation : aucune partie ne se ressemble, ou presque.

Le mode coopératif en ligne, nouveauté majeure de cet épisode, apporte un vrai plus, même s’il souffre de l’absence d’un mode local, ce qui reste difficilement pardonnable pour un jeu au potentiel aussi festif. L’expérience à deux, jusqu’à quatre joueurs, fonctionne sur le principe d’un partage de ressources (monnaie, objets à choisir), mais avec des barres de vie indépendantes. Ça pousse à faire des choix, à discuter, ou à pester contre celui qui ramasse tout (oui, Kieran, on te voit). Mais entre le chaos visuel, les dizaines de familiers, les effets lumineux et les particules dans tous les sens, on imagine sans peine que le mode à 4 tourne vite à la cacophonie totale.

Enfin, il faut être honnête : pour ceux qui ont poncé le premier Neon Abyss, ce deuxième opus ressemble davantage à une grosse extension ou un remaster amélioré qu’à une vraie suite. Les mécaniques principales sont quasiment identiques, les sensations aussi. Les ajouts sont bien là, mais rien ne vient bouleverser l’équilibre général. On est en terrain connu.


Graphisme
Visuellement, Neon Abyss 2 est une réussite. Le pixel art est fin, coloré, hyper lisible dans son chaos, et l’identité visuelle cyberpunk / mystico-technologique fonctionne à merveille. Les animations sont dynamiques, les décors variés, les personnages et ennemis possèdent tous un style bien à eux. On est dans une esthétique flashy qui assume son exagération, et qui évoque plus un club VR de Tokyo sous LSD qu’un enfer mythologique, ce qui est un compliment ici.

Mais tout n’est pas parfait. Lorsqu’on accumule les Hatchimons, les drones, les projectiles, les effets d’armes, les particules de loot et les ennemis sur une même scène, la lisibilité explose. On finit par ne plus distinguer les tirs des ennemis, ni même savoir si c’est notre familier ou un démon qui nous suit. Certains aimeront ce chaos contrôlé, d’autres décrocheront.

Autre souci plus technique : des micro-freezes réguliers viennent parfois gâcher l’expérience. Une caisse détruite, un ennemi qui pop, une salle trop animée… et c’est le petit freeze de l’enfer. Bref, un désagrément discret mais récurrent, qui peut même faire rater une esquive et coûter une vie. Ce n’est pas un problème structurel, mais il est suffisamment pénible pour qu’on le remarque. Et malgré quelques tentatives d’ajustement dans les options, rien n’y fait.
Bande son
La bande-son suit la ligne visuelle : électro, rythmée, parfaitement en phase avec l’action. Chaque run est accompagné d’une musique dynamique et efficace, qui soutient la tension sans être trop intrusive.

Les effets sonores sont propres, les armes ont un bon "feeling" audio, et tout réagit bien à l’écran.
Mais là encore, un léger bémol : la musique reste la même à chaque run, ou du moins donne cette impression. J'aurais aimé une rotation aléatoire ou contextuelle pour renouveler l’ambiance sonore à chaque tentative. Rien de rédhibitoire, mais une certaine lassitude peut s’installer à la longue.
Mon avis concernant Neon Abyss 2 sur PC
Neon Abyss 2 ne révolutionne pas son genre, ni même sa propre formule. Mais il affine, améliore, densifie. Il assume son ADN chaotique, son amour des pixels, sa critique légère de notre monde numérique. Son gameplay est généreux, parfois trop, et flirte souvent avec la surcharge, mais il reste fun, imprévisible, et très rejouable.
Pour ceux qui ont aimé le premier, cette suite est une extension bienvenue, à condition de ne pas en attendre une refonte. Pour les nouveaux venus, c’est un très bon point d’entrée, riche, dense, complet, mais qu’il faudra apprivoiser avant d’en maîtriser les nombreuses couches.
Et surtout : jouez-y à deux, ou trois, ou quatre… si vous avez de bons yeux, une bonne connexion, et une tolérance élevée au chaos pixelisé.