Test Angry Video Game Nerd 8-Bit : un enfer rétro aussi drôle que cruel

publié le 7 octobre 2025 à 20h03.
Dernière modification le 23 octobre 2025 à 10h11

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Critique du jeu Angry Video Game Nerd 8-bit sur PC

Vous avez grandi avec YouTube ? Avec les vieilles consoles, les cartouches qu’on devait souffler pour qu’elles daignent démarrer ? Vous aimez les vieux youtubeurs, les insultes fleuries et l’humour scatologique ? Ne cherchez plus : Angry Video Game Nerd 8-Bit est fait pour vous.
Développé par Retroware, Programancer et Mega Cat Studios, et édité par Retroware, le jeu est le fruit d’une collaboration qui ressuscite l’esprit du Nerd dans un enfer 8-bit digne des pires cauchemars d’une génération nourrie au Call of Duty et à Fortnite. Graphismes en pixels, jeu solo, difficulté à l’ancienne : ici, on souffre avec style.

The Angry Video Game Nerd

Et cerise sur les VHS, des sketchs inédits ont été tournés spécialement pour l’occasion. James Rolfe lui-même reprend son rôle de Nerd, fidèle à lui-même, plus blasé et plus grossier que jamais. On y retrouve tout ce qui fait la légende : les vannes crades, les références débiles et l’énergie d’un type enfermé depuis 20 ans dans une cave à insulter des jeux.
Mais au-delà du pur plaisir nostalgique pour les fanboys du Nerd, la vraie question est ailleurs : AVGN 8-Bit vaut-il vraiment la peine de salir vos oreilles de tant de gros mots ? Si vous n’avez pas peur des vieilles références, des insultes qui piquent et de l’humour gras comme une pizza… bienvenue.
Les âmes sensibles, elles, peuvent retourner lire le test de Ratatan ou un autre jeu mignon.
Ici, on assume la vulgarité — et on en fait un art.

C'est pas un jeu pour tout le monde, mais il a plus de cœur que la moitié des AAA actuels
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Histoire

Avant tout, il faut remettre les choses à leur place.
Moi, c’est le Nerd. James Rolphe de mon vrai nom, mais plus connu sous le sobriquet d’Angry Video Game Nerd, ou AVGN. Le gars qui a gueulé sur des jeux de merde avant même que YouTube sache ce qu’était un créateur de contenu. Quand j’ai commencé à insulter des pixels, Internet, c’était encore du 56k qui hurlait dans les oreilles, et les gens pensaient qu’un “Let’s Play” était une pratique sexuelle.

The Angry Video Game Nerd The Angry Video Game Nerd

Je suis la légende des légendes. Le dinosaure de la review. Le mec qui a engendré une génération entière de râleurs sur YouTube et partout ailleurs. Le Joueur du Grenier, le français à chemise jaune, m’a littéralement pompé jusqu’à l’élastique du slip avant de trouver son propre ton. Pas de rancune,  c’est le jeu de l’évolution. Mais ouais, j’étais là avant tout le monde. J’ai pissé sur les consoles quand elles étaient encore branchées au tube cathodique. Ma première vidéo date de 2004 alors que Youtube est sorti de la chatte de sa mère en 2005. Boomer va !

The Angry Video Game Nerd

Et voilà qu’aujourd’hui, dans Angry Video Game Nerd 8-Bit, le karma me revient droit dans la gueule.
Parce que cette fois, c’est plus moi qui teste un jeu de merde… c’est moi le héros d’un jeu de merde.
Tout commence dans ma cave, l’endroit sacré, temple de la bière Rolling Rock éventée, et des cartouches qui puent la poussière à qui on doit souffler dans le cul. Alors que je m’apprêtais à me lancer dans un marathon jeux de merde, la télé se met à grésiller, le décor tremble, et un putain de vortex numérique aspire tout. Le monde du jeu vidéo devient fou. Les pires abominations pixelisées de mes cauchemars sortent de l’écran.

Super Mecha Death Christ Version 4.0 Beta Bitch

Et au milieu de ce chaos apparaît Super Mecha Death Christ Version 4.0 Beta Bitch.
Un Jésus mécanique de l’apocalypse, bardé de missiles et de crucifix, qui veut purger le monde du jeu vidéo de ses pécheurs. Prenant mon courage, et une bière au passage, à deux mains, je décide de lui défoncer sa tronche à cette enflure.
Je me retrouve donc propulsé dans un enfer 8-bit, un cimetière de circuits imprimés où chaque niveau est un hommage à mes pires tests. Un musée de la douleur vidéoludique. Un cauchemar programmé par un fanboy sadique.

The Angry Video Game Nerd

Dès le premier monde, je retombe dans des décors qui sentent les relents de ce que les années 80 ont produit de pire sur la console de mon enfance. Des références partout : les civils qui veulent tous me faire la peau dans Dr. Jekyll and Mr. Hyde, des plateformes aussi stables qu’un caddie de Castlevania I Simon QuestI, et des ennemis qui te pop de partout, avec des trajectoires aussi improbables qu’insupportables. 
Un niveau reprend les couleurs vomitives de E.T. the Extra-Terrestrial sur Atari 2026, un autre te colle un scrolling automatique à la Silver Surfer qui te fait hurler dès la première seconde. Et bien sûr, un passage hommage à tous les pires levels du monde, depuis les égouts jusqu’aux usines, les incontournables de TOUS les jeux vidéos de l’époque.
Et dans tout ce merdier, Super Mecha Death Christ plane, me juge, m’humilie, et m’attend au bout du dernier niveau, prêt à me crucifier sur le pad de la NES.
Mais je continue. Parce que c’est ce que je fais depuis toujours.
Je gueule, je râle, je m’énerve, je jette ma manette… mais je joue.
Je joue comme si ma vie en dépendait, comme si le monde devait être sauvé d’une apocalypse 8-bit par un type en chemise blanche tachée de bière.

The Angry Video Game Nerd

Game System

16/20

OK, alors voilà. Angry Video Game Nerd 8-bit, c’est comme si Megaman et une diarrhée numérique avaient fusionné dans un micro-ondes en surchauffe. Le jeu est un hommage total. Pas juste aux années 80 et à leur pixel art, mais surtout à moi-même. Oui, à moi, le Nerd. C’est un jeu qui transpire la frustration, la sueur froide et la nostalgie.
Dès l’écran titre, tu sens que t’es pas dans un jeu “inspiré de Megaman”, t’es dans un Megaman passé à la moulinette du sarcasme. Le principe est simple : six niveaux, six boss, et la liberté de choisir dans quel ordre tu veux souffrir. Par contre, contrairement au modèle, cette fois chaque boss te file que dalle. Juste un doigt.

Des robots squelettes

Mais au lieu de robots colorés avec des casques brillants, ici, tu affrontes la lie du rétro-gaming : des abominations sorties tout droit de mes pires cauchemars de testeur. Des ennemis tellement débiles que tu pourrais jurer qu’ils ont été designés par Fred Fuch après trois nuits sans dormir.
Et c’est là que le double hommage entre en scène.
Parce que ce jeu, c’est pas juste une lettre d’amour au 8-bit, c’est aussi une déclaration de guerre à mes vidéos. Chaque niveau reprend des références à mes tests les plus légendaires. Tu veux un exemple ? T’as les plateformes traîtresses à la Ninja Gaiden qui te font tomber dans le vide dès qu’un moustique te frôle. T’as Dr. Jekyll and Mr. Hyde, où le décor lui-même semble te détester, ou encore E.T., ce puits sans fond de douleur vidéoludique. Et n’oublions pas les Tortues Ninja, parce qu’évidemment, fallait bien ressortir les putains de niveaux des égouts avec des plateformes calculées au poil de fion.

The Angry Video Game Nerd

Mais là où le jeu frappe fort, c’est dans son level design volontairement malveillant. On sent que les devs ont passé des heures à se dire : “comment on pourrait rendre ce saut juste un poil trop court pour qu’il te fasse péter un câble ?” Et ils ont réussi. Les plateformes sont placées avec un soin sadique, les ennemis sont stratégiquement foutus là où t’as forcément besoin de sauter, et le knock-back te renvoie systématiquement dans un trou. Les trous. Ces putains de trous.
Et le repop ? Ah, le repop… t’élimines un ennemi, tu fais 2 pas, tu reviens, et le mec est de retour, prêt à te foutre une autre baffe. Comme si le jeu te disait : “T’as cru que c’était fini, p’tite merde ?

Choix du niveau

Côté équipement, c’est du minimalisme old-school, version Nerd. Pas d’inventaire à rallonge, juste ce qu’il faut pour survivre. Tu récupères des level up disséminés dans les niveaux, un peu de vie sous forme de Rolling Rock, ma bière sacrée, que je siffle entre deux insultes. Ta puissance de tir évolue, tes projectiles deviennent plus gros, plus violents, plus absurdes, avec des références directes à Contra et à Fester’s Quest. Et, cerise sur le gâteau, tu peux choper le Super équipement tiré de mon épisode 46 : un monstre d’assemblage NES/SNES, combinant le Power Glove, le Zapper, le Super Scope et même le LaserScope. Un attirail qui ferait passer un Terminator pour un stagiaire de Toys R Us.
C’est avec cette panoplie de l’enfer que je me retrouve face à Super Mecha Death Christ Version 4.0 Beta Bitch, l’ennemi mythique que j’avais déjà affronté en 2008 dans l’épisode sur le film Wizzard et Mario 3. Il est de retour, encore plus grand, plus bruyant, et probablement encore plus con.

The Angry Video Game Nerd

Et ouais, la difficulté est là. Pas la difficulté injuste des jeux codés avec les pieds, non. Une vraie difficulté maîtrisée, pensée, assumée. Chaque mort t’apprend quelque chose, comment ne pas mourir au même endroit, surtout. Les boss sont d’ailleurs un peu plus tendres que les niveaux eux-mêmes : leur pattern est lisible, logique, presque honnête, ce qui change agréablement du reste du carnage.
Résultat : un jeu dur, exigeant, mais pas inéquitable. Et pour un titre qui s’appelle AVGN 8-bit, c’est déjà un miracle.

The Angry Video Game Nerd

Ce jeu, c’est pas juste un produit pour nostalgiques, c’est une lettre d’amour. Il s’adresse clairement aux fans du Nerd, ceux qui ont grandi en matant ses vidéos pourries en 240p, qui connaissent par cœur mes rages sur Action 52 et mes crises sur Battletoads. Mais même sans ça, n’importe quel joueur un peu masochiste y trouvera son compte. C’est un vrai jeu rétro, solide, précis, qui rend hommage à la NES sans tomber dans la parodie gratuite.

The Angry Video Game Nerd The Angry Video Game Nerd

Et le niveau de détail, mon dieu… même la pause du jeu est un gag. Tu veux souffler deux secondes ? Mauvaise idée. Au lieu du silence, le jeu te balance une boucle sonore immonde, un beat synthétique insupportable que tu ne peux pas couper. Pile comme dans Battletoads. Oui, cette même horreur que j’avais dénoncée dans une de mes vidéos. Un détail minuscule, mais tellement parfait.
C’est ça, Angry Video Game Nerd 8-bit : un enfer jouissif, un hommage sincère, et une punition délicieuse.
Un jeu qui t’insulte, te torture, mais te fait rire en même temps. Comme moi, en somme.

The Angry Video Game Nerd

Graphisme

16/20

Ah, les graphismes. Les foutus graphismes. On est en 2025, mais Angry Video Game Nerd 8-Bit a décidé de te replonger dans une époque où les pixels étaient aussi gros que des pavés, où les couleurs semblaient choisies par un daltonien en pleine crise de foie, et où chaque décor donnait l’impression d’avoir été peint au stabilo par un gosse sous acide. Et tu sais quoi ? C’est parfait.

The Angry Video Game Nerd

L’ambiance 8-bit est respectée à la lettre. L’écran est coincé dans une letterbox crade, comme si tu jouais sur une vieille télé Thomson avec les boutons qui manquent. Les teintes oscillent entre le marron caca et le bleu vomi, avec parfois une touche de rose radioactif pour t’achever la rétine. Les décors sont vides, minimalistes, tristes comme une allée de supermarché un dimanche matin, mais c’est voulu. Ce n’est pas un manque d’inspiration, c’est une déclaration d’amour aux vieux jeux qui n’avaient pas les capacités techniques d’en faire plus.

The Angry Video Game Nerd

Chaque pixel, chaque texture mal fignolée, chaque arrière-plan répétitif est une blague visuelle en soi. Le jeu imite ces vieilles cartouches NES qui essayaient d’être épiques alors qu’elles n’avaient même pas assez de mémoire pour dessiner un arbre entier. Les murs sont uniformes, les plateformes flottent comme si Newton n’avait jamais existé, et certains objets semblent dessinés par accident. Tu te demandes parfois si c’est un décor, un ennemi, ou une erreur de code. Et c’est là tout le génie.
Parce que oui, les ennemis sont une masterclass de non-sens. Du pur LJN dans le texte. Des parapluies volants, des épées qui t’attaquent toutes seules, des poissons à pattes, des projectiles qui ressemblent à des suppositoires radioactifs… bref, tout ce qui te fait douter du concept même de cohérence. Et pourquoi tout ça existe ? J’en sais foutrement rien. Demande à Fred Fuchs. Sûrement qu’il a encore signé ça un vendredi soir entre deux margaritas après avoir travaillé sur Dracula (épisode 57).
Mais, et c’est là la magie du truc, AVGN 8-bit ne tombe jamais dans le plagiat bête. On reconnaît les références, de Silver Surfer et ses couloirs lumineux, Dr. Jekyll and Mr. Hyde et ses rues désertes et ses PNJ débiles, Castlevania pour ses pierres grises et ses chandeliers dépressifs… mais tout est retravaillé avec respect. Les hommages sont justes, jamais forcés. On est dans la parodie maîtrisée, celle qui comprend les défauts, mais les transforme en clins d’œil.

The Angry Video Game Nerd

Tu reconnais chaque level au premier coup d’œil : l’ambiance, la palette, la direction artistique sentent bon le vieux câble péritel. Même les animations des sprites sont délicieusement rigides. Le Nerd bouge avec cette lourdeur typique de l’époque, entre deux frames manquantes et trois pixels de latence. C’est laid, mais c’est beau; un paradoxe que seul un vrai fan de 8-bit peut apprécier.

Bande son

16/20

Bon, parlons du son, cette autre arme de torture délicieusement rétro.
J’ai déjà évoqué cette foutue pause qui te pète les tympans avec un beat insupportable digne d’un synthé qui aurait fait le Vietnam. Mais faut bien reconnaître un truc : le reste de la bande-son, c’est de la putain de bombe.
Tout ici transpire le chip tune de haute volée. Pas du chip tune "ah, c’est mignon, on dirait un jeu Game Boy", non du vrai son 8-bit pur jus, celui qui gratte un peu les oreilles, qui crépite, qui sature presque, mais qui groove à mort. Les mecs derrière les manettes sonores ont pigé le truc : chaque morceau est à la fois catchy, cradingue, et parfaitement raccord avec ce que tu vis à l’écran. Un mélange entre Megaman 2 et Shovel Knight.

Les thèmes sont courts, bouclés, mais impossibles à sortir de ta tête. T’as ce petit côté "putain mais ça marche trop bien". Les percussions claquent, les lignes de basse ont ce grain granuleux des puces audio d’époque, et les mélodies te foutent la patate même quand t’as envie de jeter ta manette par la fenêtre.
Et le summum, c’est le générique. Quand les premières notes ont retenti, version 8-bit du thème culte de la série, j’ai senti un truc. Un frisson. Ou une larme… ah non en fait je me suis pissé dessus.
Parce que ouais, entendre ce foutu générique en chip tune, c’est comme revoir une vieille VHS d’enfance, toute rayée, mais toujours là. Et quand tu cliques sur le Nerd et qu’il hurle son légendaire "ASS!", c’est fini : nostalgie totale, rideau. Tu reviens 20 ans en arrière, devant ton vieux windows XP.
Et merde, c’est bien foutu. Les bruitages sont nickels, et les voix ont ce petit grain nasillard typique des vieilles consoles.
Bref, la bande-son déchire. Elle est sincère, fun, fidèle et foutrement bien produite. Un hommage musical à la fois respectueux et furieusement jouissif.

Mon avis concernant Angry Video Game Nerd 8-bit sur PC

17/20

Alors ouais, Angry Video Game Nerd 8-Bit, c’est pas un jeu pour tout le monde. C’est un jeu pour les vieux cons comme moi, ceux qui ont encore des traces de manette dans les mains et qui savent ce que c’est que de souffler dans une cartouche à 3 heures du matin pour la faire démarrer.
Mais même si t’as pas grandi en matant mes crises de nerfs en 240p, tu peux quand même y trouver ton compte. Parce que derrière la crasse, la sueur et les insultes, il y a un vrai jeu. Un vrai hommage. Si tu rentres dans le délire, si t’acceptes de mourir cent fois, de rire cent une, et de gueuler “ASS!” au milieu de la nuit, tu vas kiffer.
Les autres diront que c’est trop dur, trop débile, qu’il n’y a pas assez d’item, trop daté.
Mais moi, je dis que c’est juste parfait.
C’est moche, c’est méchant, c’est brutal, c’est con… Un jeu qui pue le vieux plastique chaud, mais qui a plus de cœur que la moitié des AAA actuels.

Bande annonce du jeu Angry Video Game Nerd 8-Bit