Test du jeu Nightmare Frontier, un Tactical Extraction Looter au far west
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Critique du jeu Nightmare Frontier sur PC
Bienvenue dans un Far West rongé par la peur, où les balles sifflent entre deux hallucinations. Nightmare Frontier nous embarque dans une virée tactique aussi sombre que brutale. Ambiance malsaine, maps étroites, mécanique de risque permanent : le titre d’Ice Code Games ne cherche pas à rassurer, mais à piéger, dans le bon sens du terme.
Développé par le studio polonais Ice Code Games, déjà aux commandes de Hard West et plus récemment de Rogue Waters, le jeu s’inscrit dans la lignée des tacticals à forte identité. Proposé en accès anticipé depuis le deuxième trimestre 2025, Nightmare Frontier s’affiche comme le premier Tactical Extraction Looter du genre. Mais derrière l’étiquette, reste une question simple : l’équipe a-t-elle eu le temps de peaufiner son gameplay, ou se contente-t-elle de recycler de bonnes idées dans un nouvel écrin cauchemardesque ? Réponses, en découvrant le test de Nightmare Frontier.
Nightmare Frontier parvient à mêler efficacement roguelite, ambiance horrifique et gameplay nerveux dans un cadre original
Histoire
Dans Nightmare Frontier, oubliez le Far West doré et les saloons pleins de whisky. Ce tactical RPG nous plonge dans une Amérique alternative du début du XXe siècle où le rêve américain a muté en cauchemar fiévreux. Une ancienne ville minière, aujourd’hui ravagée et envahie par les tisseurs d’effroi — des créatures inspirées des peurs les plus profondes de vos combattants — sert de terrain de chasse, ou plutôt de survie. Vous incarnez le Ringleader, chef d’un groupe de pillards de l’étrange, en quête de butin, de vengeance ou peut-être d’un semblant de rédemption.
Le jeu prend soin de lier ses mécaniques à son atmosphère : chaque créature rencontrée n’est pas seulement un monstre à abattre, mais l’émanation mentale d’un traumatisme enfoui. L’horreur psychologique n’est donc pas un simple vernis : elle structure la montée en difficulté avec un Nightmare Level qui augmente à mesure que vous osez aller plus loin. L’univers est noir, occulte, rugueux. On y trouve l’influence de Bloodborne dans l’ambiance, et celle de Hard West dans le traitement tactique du western ténébreux. Un terrain idéal pour un roguelite où chaque expédition peut être la dernière… ou la plus rentable.
Game System
Nightmare Frontier propose une formule hybride et nerveuse qu’il décrit lui-même comme un Tactical Extraction Looter. Ce mélange de roguelite, de tactical RPG et de jeu à loot est encore rare. Le principe est simple : on entre dans une série d’arènes à nettoyer, on choisit à chaque embranchement si l’on continue pour obtenir plus de butin (au risque d’y laisser la peau) ou si l’on s’échappe avec ses gains. Chaque run est donc un pari : plus on avance, plus les Dreadweavers deviennent dangereux, et plus la peur affecte l’équipe.
Sur le champ de bataille, on est très proche d’un Into the Breach sous stéroïdes, avec un système de combat en tour par tour rapide et féroce. Les maps sont volontairement très petites, rendant la gestion de l’espace et des lignes de vue centrale. Ce minimalisme spatial pousse à l’efficacité, mais limite parfois la montée en puissance tactique : il est difficile d’élaborer une stratégie sur la durée, tant l’action est resserrée et brutale.
Le jeu joue la carte du "gun ’n’ slash" : on peut enchaîner des tirs de précision, utiliser des ricochets, pousser les ennemis les uns contre les autres pour infliger des dégâts supplémentaires, ou finir le travail à la hache. Chaque tir compte : les munitions sont limitées, et les ressources rares. Il faut frapper fort, vite, et penser à la suite, car il n’y a pas de soin entre les affrontements (sauf via quelques bonus). Mourir signifie tout perdre pour cette expédition.
Les mécaniques sont classiques du genre (déplacements, attaques, objets, compétences), mais la subtilité vient des combinaisons et des effets d’enchaînement. Tuer un ennemi permet par exemple à votre unité d’agir à nouveau, ce qui encourage les frappes chirurgicales et les enchaînements meurtriers. Chaque erreur se paie cher, surtout que vous ne commencez qu’avec deux personnages, et que les renforts sont rares. En début de run, les combats peuvent se terminer en 5 tours à peine.
La comparaison avec les grosses productions en matières de tactical comme X-COM ne tiennent pas, car Nightmare Frontier est bien plus nerveux, moins porté sur la couverture, les probabilités et l’optimisation en dehors des combats. On est dans une veine plus arcade que tactique pure, un peu comme Metal Slug Tactics, mais avec un ADN plus sale, plus lovecraftien.
Entre les combats, vous améliorez votre équipement avec les matériaux récoltés, recrutez des survivants (parfois instables) et choisissez vos itinéraires pour maximiser le loot. Le craft mêle technologie de 1900 et alchimie surnaturelle, pour créer des armes baroques et puissantes.
Graphisme
Visuellement, Nightmare Frontier tape juste, sans en faire trop. Le style est un mélange réussi de western crasseux et de cauchemar victorien, avec une direction artistique inspirée. Le character design joue sur la diversité et la fragilité apparente des membres de votre escouade : on sent leur passé lourd rien qu’en les regardant.
Les environnements sont pour l’instant un peu trop répétitifs. En early access, le bestiaire et les biomes manquent encore de variété, ce qui casse un peu l’effet de surprise. On espère que les futures mises à jour viendront enrichir la palette d’horreurs et de décors. En l’état, l’univers est crédible, mais pas encore pleinement incarné.
Bande son
La musique accompagne efficacement la tension permanente du gameplay. Peu mélodique, souvent sourde, elle joue sur l’atmosphérique et l’organique. Les nappes sont oppressantes, les percussions sèches, et les rares montées en puissance soulignent les moments critiques. Ce n’est pas une OST qu’on écoutera en boucle hors jeu, mais elle sert l’expérience.
Les bruitages sont eux très marqués : les cris inhumains des tisseurs d’effroi, les râles de vos compagnons, le bruit métallique des armes et les échos dans les ruelles dévastées contribuent à maintenir un climat de stress. Mais rien de très notables ne s’en dégage. Pas de fausses notes, mais pas de prises de risques non plus.
Mon avis concernant Nightmare Frontier sur PC
Nightmare Frontier ne réinvente pas le tactical au tour par tour, mais il parvient à mêler efficacement roguelite, ambiance horrifique et gameplay nerveux dans un cadre original. Son concept de Tactical Extraction Looter tient la route, malgré quelques frustrations liées à la petitesse des arènes et un manque de profondeur stratégique sur la durée. La proposition est solide, mais encore incomplète.
En l’état, le jeu pose les bases d’une expérience intense et prometteuse, avec un univers marqué, des combats violents et une vraie identité visuelle. On attend maintenant que le contenu suive : plus de diversité, plus de surprises, et une meilleure exploitation de son potentiel horrifique. En attendant, les amateurs de défis corsés et d’univers malades y trouveront déjà largement de quoi s’occuper.