Test de Sifu, un jeu qui marche sur les pas des grands films d'art martiaux
Le test du jeu Sifu, édité par Sloclap et développé par Sloclap, a été réalisé sur Switch.
Publié le 10 novembre 2022 à 16h51. Mis à jour le 8 décembre 2022 à 13h57
Le temps estimé pour la lecture de ce test est de 9 min. 
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Sifu
Après s’être vendu à plus d’un million d’exemplaires sur PlayStation 4, PlayStation 5 et PC, Sifu, le jeu qui rend un hommage à la culture martiale chinoise est arrivé sur Nintendo Switch le 8 novembre 2022.
Développé et édité par le studio français Sloclap, Sifu est un savoureux mélange entre roguelike et beat’em up qui met en scène une incroyable histoire de vengeance et qui demande une grande concentration pour être maîtrisé à la perfection. Découvrez le test du jeu Sifu sur Nintendo Switch...
Sifu c’est de l’action pure, intense, et puissante mais avec une grande finesse. On ne joue pas à Sifu pour se défouler, mais pour se dépasser.
Sifu - Nintendo Switch
Sifu - Nintendo Switch
Sifu - Nintendo Switch
L'histoire de Sifu
Plongez dans l’histoire d’un ou une jeune disciple de kung-fu (vous aurez le choix) qui n’est là que pour une chose: venger sa famille, dont le père de famille, maître kung-fu, sombre lors d’une attaque menée par un groupe énigmatique d’assassins. Pendant toute sa quête de vengeance, vous allez devoir vous battre seul(e), sans allié, pour éliminer un à un tous les meurtriers.
Sifu est un jeu saisissant, parfois troublant, qui demande un esprit vif et une force mentale. Il mettra votre patience à l’épreuve et vous poussera dans vos retranchements. Comme le disait Sun Tzu, “Connais ton ennemi et connais-toi toi-même” (L’Art de la guerre). Un chemin certes difficile, mais la victoire sera plus savoureuse.
Game System
Le concept est plutôt original. Lorsque vous mourez, vous prenez de l’âge. Et plus vous mourez pendant une partie, plus vite vous prendrez de l’âge. Pour faire simple, vous commencez le jeu à 20 ans. Si vous mourez pendant une partie, un compteur monte à 1 et vous passez à 21 ans. Plus vous mourez, plus ce compteur monte. Et ça monte très vite. À 70 ans, vous atteignez votre maximum, la mort sera alors fatale. Et il faudra recommencer.
Pour faire monter la pression, avec l’âge vous devenez plus fort mais moins résilient aux dégâts. Ce jeu est très corsé. La tension peut monter rapidement si l’on perd le contrôle. Il faudra être précis dans vos gestes, et vos déplacements. En plus de cela (sinon c’est pas drôle), l’âge à laquelle vous finissez un niveau détermine l’âge à laquelle vous commencerez le niveau suivant. Si vous finissez le niveau 1 à 35 ans, vous commencez le niveau 2 à cet âge. Il y a 5 “niveaux” en tout, comme le concept philosophique des cinq éléments et les cinq styles animaliers du kung-fu. Rien n’est choisi au hasard dans ce jeu. Il y a beaucoup de sens et de références à la culture des arts martiaux. J’ai apprécié cette qualité de réflexion dans la construction du jeu.
Je vous conseille de bien prendre connaissance de l’arbre des compétences. Certaines vous seront très utiles pour diminuer un peu (vraiment un petit peu) le stress de l’âge. Petite astuce, sans spoiler, regardez attentivement celles que vous pouvez déverrouiller de façon permanente et celles qui ont une limite d’âge.
Dans ce jeu, il ne faut surtout pas foncer tête baissée, que ce soit pour la gestion de vos compétences, ou la gestion des ennemis, surtout lorsque vous faites face à une embuscade d’une quinzaine d’ennemis. C’est à vos risques et périls!
Comme tout art martial, il faut apprendre à le maîtriser. Passez du temps à vous entraîner, à apprendre les combos, à parer les coups et esquiver efficacement, mais surtout à rester maître de soi. Le timing est très important. Il ne laisse aucune place à l’à-peu-près. Il y a aussi toute une panoplie de combos. C’était un peu la panique au début, car je n’arrivais pas à tout mémoriser. Encore fois, comme l’art, la perfection n’est atteignable que par la répétition. C’est alors que le nom du jeu, Sifu qui signifie “Maître”, prend tout son sens.
D’autre part, chaque boss est différent. Il m’a fallu du temps pour analyser les différentes situations et me rendre compte que parfois, l’art de la défense est plus fort que celui de l’attaque.
Je craignais de trouver certains principes fastidieux sur la longueur. Finalement, dès qu’on commence à maîtriser un ensemble de coups, à utiliser l’environnement à son avantage, et à bien comprendre les techniques des adversaires, le jeu arrive à vous faire ressentir de la puissance et de la fierté. Mais aussi, la modestie. On est parfois (même souvent) brossé dans le sens du poil par les autres jeux de combats, mais Sifu n’a pas peur de vous contrarier. Si vous perdez, vous perdez presque tout. Il faudra faire preuve de patience et savoir recommencer à zéro. Ce principe m’a semblé lassant, voire épuisant après quelques parties. Il m’a fallu aussi reprendre plusieurs fois un niveau afin de le finir le plus jeune possible et ainsi avancer plus sereinement dans les niveaux suivants.
À l’heure où je vous écris, je n’ai pas encore terminé les 2 derniers, et j’espère que d’autres surprises m’y attendent! J’ai fait le test en mode normal, et je n’imagine pas m’ajouter encore plus de complications.
C’est certain que Sifu vous donnera du fil à retordre mais c’est aussi ça qui lui donne du charme. Chaque victoire vous donnera un sentiment d’accomplissement bien réel. Ce jeu nous sort de notre zone de confort pour nous montrer la voie vers le perpétuel dépassement de soi. Tel est l’art et l’enseignement des arts martiaux.
Sifu nous plonge dans des décors à couper le souffle
Graphisme
Incroyablement surprise. Sifu se démarque très largement par ses choix visuels forts. Chaque scène, chaque lumière et texture est travaillée et apporte une profondeur à l’expérience globale. Entre le réalisme, la bande-dessinée, le rétro-futurisme, Sifu nous plonge dans des décors à couper le souffle. N’importe quel arrêt sur image est beau. C’est brut et vif, comme un coup de pinceau reflétant l’esprit du combattant. Par contre, j’ai noté quelques passages de ralentissements et des images parfois un peu saccadées, ce qui est gênant pour un jeu qui demande une précision extrême.
La narration et l'esthétisme de Sifu marchent sur les pas des grands films de combats. Son univers est un clin d'œil à la grande période du cinéma hongkongais. Certaines séquences du jeu rendent un hommage aux scènes mythiques de films comme The Grandmaster et Old Boy. Sifu est plus qu’un jeu, c’est comme un film immersif et interactif.
Aucun détail n’est laissé au hasard. De la même façon, aucun mouvement ne devra être hasardeux.
Bande son
Ce jeu a une vraie signature sonore et musicale. Il a été imaginé avec le producteur et DJ expérimental Howie Lee. On reconnaît un mélange de percussions, d’instruments traditionnels de la culture chinoise avec des sons plus techno. Le rythme s’accélère en fonction de la progression dans le jeu, ce qui fait monter davantage la pression! Chaque lieu a aussi son identité sonore. J’y ai aussi ressenti un clin d'œil aux 5 éléments (métal, bois, feu, terre et eau). Au-delà du son, Sifu promet une atmosphère singulière à travers l’haptique. Pour ma part, cela a été une expérience peu convaincante sur Switch mais j’imagine qu’elle est certainement plus palpitante sur la PS5.
Mon avis concernant Sifu sur Nintendo Switch
Sifu en quelque mots, c’est de l’action pure, intense, et puissante mais avec une grande finesse. C’est un jeu de concentration, de précision et d’efficacité. On reste pour le côté “challenge” avec soi-même mais pas forcément pour l’histoire; cette dernière qui reste assez légère aurait pu aller plus loin pour gagner en engagement, et en attachement émotionnel au personnage. Mais cela n’enlève rien à la beauté du jeu et à l'originalité du concept de l’âge. La difficulté du jeu n’est pas forcément un frein, c’est un choix plutôt bien assumé. Mais il faudra faire preuve d’auto-discipline pour consolider son style de combat. On ne joue pas à Sifu pour se défouler, mais pour se dépasser.
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